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1789 : Bastille Express

Dernière mise à jour : 10 mai 2020



En 1789, le monde n’a pas inventé le capitalisme mais ça n’empêche pas une bonne crise financière de s’abattre sur la France. La monarchie dépense à toute berzingue sans se soucier du bas peuple : la cour, les dépenses militaires et surtout la dette publique engloutissent tout le budget de l’Etat. Et puis, il faut le dire, en 1788, il fait un temps de merde, du coup les récoltes sont nazes et là, les estomacs crient famines devant la hausse des prix. Tu connais les français : les impôts fait chier, mais laissez-nous bouffer en paix !

Dans les campagnes et dans les villes, la colère gronde. L’assemblée nationale réclame que le peuple se fasse plus entendre et qu’on arrête de les prendre pour des cons. Ils veulent abattre les privilèges et surtout arrêter de payer pour tout le monde. A l’époque, c’est pas du tout la loi de Pareto : 80 % de la populasse paye 100% des impôts, c’est pas franchement pas la grande rigolade niveau égalité sociale à l’époque. Sans parler de la sécu et du chômage hein, quand t’as plus de boulot, t’as le choix entre manger des rats ou crever dans le caniveau. Je sais, ça te fait rêver mais faut voir l’état des rues à l’époque, aujourd’hui c’est hyper clean. Au 18ème siècle, la peste était en colloc avec la petite vérole sur les pavés de la capitale. Le sermon du Jeux de Paumes scelle un traité qui impose l’égalité des Hommes, mais c’est pas encore gagné, je te le dis tout de suite.


CRS – SS

Les parisiens sont -déjà, à l’époque- dans les rues, et même si le LBD n’existe pas encore, ça chauffe sévère : les bourgeois élèvent des barricades et réquisitionnent des armes. Mais puisque la plupart ont été confisquées, ils vont se servir à la source, dans les armureries et les brûlent au passage, pour avoir chaud. Ils ne se rendront pas sans combattre, morbleu* ! Ils prennent l’hôtel des Invalides, par la même occasion, quand même. Question de bon sens. De son côté, le Roi veut faire entrer ses forces armées dans Paris et ordonne à 30 000 soldats de marcher vers la capitale.


Négociations à canons tirés

Le Maire de Paris est destitué et remplacé par La Garde Bourgeoise, mise en place par le peuple et elle devient dealers de poudres. Pas de la blanche hein, de la grise, pour mettre dans les armes. Et ils se jettent dessus comme la vérole sur le bas clergé. Sauf qu’il n’y en a pas assez et que les stocks sont … à la Bastille bien sûr ! Guillerets, ils s’y rendent donc et envoient des délégués négocier avec le gouverneur de la prison, de Launay, surtout pour le retrait des canons pointés sur la ville, du haut des tours. Et ils y arrivent, moyennant quoi le peuple ne doit pas tenter d’entrer. Sauf que, erreur, le lendemain, une détonation de canon se fait entendre : « quelle bande de salauds » ont-ils hurlé avant de se diriger vers la Bastille « Launay t’es foutu, Paris est dans la rue » scandent-ils avec des fumigènes rouges. Par contre, pour rentrer c’est un peu plus compliqué Tout ce bordel était bien protégé, alors un siège a commencé. Un peu une « Nuit debout » avant l’heure : une « Bastille debout ». De jour. Lolo, le gouverneur, qu’a un peu les pétoches dans sa tour d’ivoire, donne l’ordre de tirer le bougre ! Erreur de débutant. C’est une déclaration de guerre envers le peuple ! A la fin des tirs, la délégation bourgeoise tente de négocier, agitant un drapeau blanc et exigeant le contrôle militaire de la ville et donc de la Bastille (oui, ce sont des négociations à sens unique mais que voulez-vous … on n’avait pas encore inventé le libéralisme dans ces années-là). Sauf que ce sont des tirs qui leur répondent : aucun respect pour le linge blanc, lavé par les blanchisseuses, les femmes étaient salement traitées à l’époque.


La prise chrono-postée

Alors là, c’est la guerre ! Le peuple court chercher des renforts. Le général Hulin se joint aussi aux festivités, engrainant des soldats à passer du bon côté de la force. Ces gars sont des pros et c’est la force de ce siège car les mecs amènent leurs canons et tout leur armada. Ils les disposent savamment. Comme des vietkongs avant l’heure, ils utilisent des meules de foins pour faire des écrans de fumées, pour devenir invisible : des génies vous dis-je. Lolo a bien compris que ça allait devenir compliqué c’t’histoire ! Il veut se rendre : il n’a jamais été bon au poker et en plus sa femme veut le quitter parce qu’il porte des chaussettes dans ses sabots d’intérieur. Quel faible, aucun sens du spectacle ! Il envoie un message de capitulation au peuple, là dehors. Il menace quand même de faire sauter les barils de poudres et par le même coup le quartier. Sympa comme voisin. Le pont de la Bastille se baisse et tout le monde s’y engouffre, mais y’a un problème de communication. Les mecs de chez Orange devaient faire grève aussi parce que ceux du fond n’ont pas bien entendu que Lolo se rendait et ça se met à tirer dans tous les sens, ça pend des soldats. Enfin, c’est surtout pour donner du spectacle aussi, faut bien le dire : si ça se passe trop bien, la CGT va être accusée de conspiration avec le MEDEF ! Mais les soldats de la Bastille ne se défendent pas les bougres. Aucun sens du fun dans l’armée française, des vrais Pisse-froid, je te le dis.


Les Neuro-révolutionnaires

Le peuple ordonne de faire libérer les prisonniers de leurs sales cachots miteux et de leurs chaines. Ils viennent de se rendre compte du symbole qu’ils viennent de prendre, pour de la poudre. Ça dirige Paname mais c’est pas capable de voir ce qui est sous leurs yeux. Bref. Mais là, plot twist : et oui, les mecs, la Bastille à plus des airs de club Med que de prisons. Les taulards sont comme au George V, tranquille pépouse avec tout à dispo pour leur confort : bibliothèque, papier, encre, lit etc. et même leurs domestiques. En plus, y’a même pas de prisonnier politique, ça n’arrange pas les affaires des révolutionnaires, ça fait perdre un peu de charme à la symbolique du lieu ! Qu’importe : si ce n’est pas le prisonnier politique qui vient à nous, c’est nous qui viendrons à lui ! Alors ils en inventent un : le Comte de Lorges. L’honnêteté est toujours payante à ce qu’on dit.


Ils perdent … la tête !

Bref, Lolo est conduit dans les villes de Paname. Loin de l’accord qu’il avait conclu avec la Milice des bourgeois qui lui garantissait la vie sauve, un cuisinier arrive, en manque de bœuf à découper, il coupe la gorge de Lolo, comme ça, pour le plaisir. Et il le met sur une pique, espérant sûrement un prix au salon de l’agriculture pour son travail d’orfèvre. La révolution des lumières tant attendues se transforment en pugilat, échappant à tout contrôle, la foule est en colère. C’est de là que la révolution verse dans le sang et qu’elle acquière la réputation qu’elle a aujourd’hui. Et que ces zinzins s’amuseront à trimballer des têtes coupées comme des portes drapeaux partout ils iront.

En 24H, les révolutionnaires ont pris leur liberté et le soir même, la Bastille est détruite. Une révolution express, quoi, même les cheminots ne peuvent pas rivaliser. Et il faut savoir que dans tous les noms des preneurs de la Bastille, ne figure qu’une femme : Marie Charpentier, blanchisseuse (de drapeaux blancs).

Pour la petite anecdote, la Bastille avait pour projet d’être détruite et devait s’élever une place portait le sobre nom de « Louise XIV », modeste, soft.


* Ouais je sais c’est une expression du 14ème siècle, me casse pas les rouleaux


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