Bastille Pisse-Froid, fort de plaisance
- onplesentehistoire
- 8 mai 2020
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Dernière mise à jour : 10 mai 2020

Sous l’impulsion de Charles V, la première pierre de la Bastille est posée en 1370 et il faut 13 ans pour la construire. Autant te dire qu’ils ont été plus rapide à la déconstruire et encore plus à la prendre ! Elle est construite pendant la guerre de cent ans, pour protéger la ville de Paris de ses divers assaillants. La paix universelle n’avait pas encore été inventée dans ces années-là, déjà, l’Utopie n’est inventée que 200 ans plus tard donc c’était pas gagné.
Le livres épargnes des pisses-froids
Bref, la citadelle imprenable est en fait un ramassis de conneries, les gars qui la tiennent ne la défendent pas. Sûrement qu’ils avaient tous posé leur 3 semaines de congés annuels quand en 1413 et 1588, tout le monde compte dessus mais que la Bastille se rend sans livrer bataille, les bougres. Les coups de canons sont pourtant régulièrement entendus par les parisiens lors des visites du Roi ou des naissances royales. Mais les plus grosses dépenses de la Bastille, ce sont … les vitres, qui ne résistent pas aux tremblements de coups de canon, c’est à dire qu’on aime faire travailler les artisans dans ce temps-là tu vois, on préfère changer les vitres plutôt que de les nettoyer !
Sous Henri IV, la Bastille est transformée en tirelire : le roi y met ses épargnes qui ne doivent servir qu’en temps de guerre, soit environ 13 millions de livres (C’était pas une bibliothèque, qu’on soit claire tout de suite). Il est économe Henrinounet, il ne dépense que la moitié de son argent de poche mais à sa mort (on te racontera un jour cette sombre histoire), sa femme dilapide tout cette bougresse, et pas pour la guerre, je te le dis tout de suite.
La vérité vraie
C’est Henri XIII qui décide d’en faire une prison d’Etat, c’est-à-dire que les prisonniers qui y entrent sont là sous lettres de cachets, la plupart de temps sans procès. Il y a eu en tout près de 6000 prisonniers en un peu plus d’un siècle, si on fait un rapide calcul, on prend la racine carrée de pi et je retiens 2, on divise le tout par le nombre d’or et ça nous donne une moyenne de 33,5 personnes emprisonnées par an (On en coupe un en 2 pour le servir à Noel, fais un effort bon sang ça parait logique quand même). On ne dénombre que 20 suicides, Fleury-Mérogis devrait en prendre de la graine je te le dis.
La recette du bonheur : les prisonniers gardent leur distinction sociale, c’est pas juste des numéros ok ? La dignité a du bon.
On te livre la vérité vraie de vraie sur les affreuses choses qui se passent dans les murs de cette prison … de luxe, ba oui. Si t’avais lu l’article sur la prise de la Bastille, tu aurais sus, bande de nazes. Petits florilèges des types de prisonniers :
Des prisonniers politiques, à l’époque, dire qu’on est pas d’accord ça fait désordre, le Roi a un égo gros comme la Trump Tower et ceux qu’ils aiment pas il les fout à l’ombre. Enfin, derrière des grandes fenêtres à barreaux exposés plein sud, quoi.
Des gens un peu indisciplinés, comme le Prince d’Elboeuf, emprisonné pour avoir souffleté un mec sympa comme tout avec un gigot, alors que l’autre lui demandait de lui passer le sel, quelle inconvenance !
Des gens aux mœurs légères, comme le Marquis de Sade. On te recommande ses lectures avant d’aller dormir, tu deviendras sain et équilibré d’esprit.
Des gens en attente de transfert mais eux, je te le dis on s’en fout.
Dans tout se bordel, la prison accueille 42 chambres. Les plus riches peuvent l’aménager comme bon leur semble, amener leurs domestiques etc. La prison a même un tailleur (pas de pierre vous vous en doutez bien) ! Pour ceux qui n’avait pas le sou ils avaient une pension et certains ont même demandé à rester un peu après leur libération pour mettre du beurre dans les épinards ! Le luxe te dis-je, quand on préfère rester en prison qu’en sortir, c’est soit qu’on est fêlé du caisson (demandes à la prison de Fleury-Mérogis tu vas voir si les gars veulent rester sur leur paillasse), soit qu’on est dans la pauvreté.
Bon, quand même, dans les cachots, c’est moins jouasse comme ambiance : au pain sec et à l’eau, les caves étaient régulièrement inondées par les crues de la Seine. Mais c’est ce qui fait le sel de l’histoire n’est-ce pas ? Faut bien des gars un peu mourants et décharnés pour donner une ambiance sympathique et glauque à cet endroit, pour pouvoir la raconter à ses enfants au coin du feux pour le soir de Noel.
Bastille I Love You
Sauf que cette prison en plein Paris, ça énerve les parisiens. C’est comme avec les migrants : faut les loger mais pas chez nous. Alors en 1782, le projet nait de la détruire pour en faire une place au nom du Roi. Mais ils n’auront pas le temps : il faut 24h pour la prendre (rappelez-vous que les mecs qui gardent la Bastille se rendent toujours sans spectacle, tristesse mon amie) et à peine 2 ans pour la déconstruire. Mais Palloy, artisan en charge de la déconstruction, capitaliste avant l’heure, fait feu de tout bois. A défaut de faire des T-shirts « I love Batille », il fabrique des souvenirs dans les gravats de la prison encore fumantes et les distribue. Aucun doute qu’il a contribué à la fondation du mythe de la Bastille.
Pour en savoir plus : Au cœur de l’histoire : la vérité sur la Bastille (Europe 1)
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